une chose merveilleuse devrait exister : des examens permettant de déterminer qui aurait le droit de se reproduire et qui n'en aurait pas le droit. si c'était le cas, certes je ne serais pas là, mais ça réglerait la situation de plus d'un enfant dans le monde avouez-le. il y a de ces parents trop jeunes, pauvres et naïfs qui donnent naissance à la prochaine génération et mes parents sont de ceux-là. trop bêtes pour se rendre compte d'une grossesse avant qu'il soit trop tard. des jumeaux en plus ! dit ainsi, j'ai l'air de détester mes parents, mais ce n'est pas le cas et je dis simplement la vérité. ils n'auraient pas dû avoir d'enfants, ou du moins pas à ce moment de leur vie. maman, grande dépensière et adepte des cartes de crédit, avait certes une magnifique garde-robe, mais également un compte bancaire d'un rouge flamboyant à seulement dix-sept ans. quant à papa, simple épicier de dix-huit ans, devait pallier aux dépenses du couple, il était évident que la vie de parents n'était pas pour eux à ce moment-là, ce qui les mena à poser une triste décision à l'hôpital afin d'améliorer leur qualité de vie.

subir des injections aussi répétitives ne m'a jamais réellement dérangé. dans mon cas, ça m'a toujours paru normal et une simple routine, mais la situation appliquée à meejoo me révulse et est bien l'unique chose qui a tendance à me rendre plus agressif. plus les années ont passé, plus je devais rester à proximité de ma jumelle, m'assurer constamment que tout était parfait, qu'elle allait bien. il ne suffisait que d'un simple petit bruit à l'autre bout de la maison pour que je cesse toute activité et rejoigne la source du problème. étonnement, c'est arrivé à plusieurs reprises, mais rarement concernant meejoo. un nombre intriguant de situations particulièrement dangereuses, passant de la simple coupure au feu de foyer à la semi-noyade à la piscine. sinon, en général, je faisais du sport avec papa qui clamait qu'un homme se devait d'avoir une bonne santé et de bons réflexes ou on allait se promener et il arrivait toujours des situations farfelues. qu'importe.

le plus important depuis aussi loin que je puisse me souvenir est ma jumelle. me séparer d'elle quelques heures passe encore, mais après un certain temps je dois absolument retourner auprès d'elle. la crainte qu'il lui arrive malheur est toujours présente. je m'interpose dans le banal de son quotidien, agissant avant même qu'un problème ne survienne. j'interviens pour monsieur et madame tout le monde sans la moindre hésitation lorsqu'il y a une situation que je juge dangereuse - et qui ne l'est pas toujours forcément -, mais dans le cas de ma jumelle, c'est pratiquement mille fois pire. elle n'est d'ailleurs pas la seule dans cette situation. maeri subit le même sort depuis la fameuse journée qui a failli mettre un terme à sa vie par la noyade. la jeune voisine est vite devenue l'équivalent d'une petite soeur pour moi et je suis devenu fortement envahissant, craignant qu'une situation critique se reproduise. j'ai un constant besoin de savoir meejoo et maeri à proximité ou d'avoir un contact. je ne vais jamais bien loin d'elles. tant qu'elles sont là, la vie est merveilleuse et tout va de bon train. ne nions rien, je suis extrêmement protecteur envers joo et mae.

il y a seulement quelques jours, ces hommes vêtus de noir sont venus. ils sont venus pour nous deux, les jumeaux. leur visage ne me revenait tout simplement pas, mais meejoo céda avec une facilité même qu'elle me déconcerta. j'ai paniqué intérieurement à l'idée d'être soudainement séparé de maeri, même si je conservais meejoo à mes côtés. j'ai été incroyablement stressé, anxieux et mouvementé jusqu'à ce qu'elle refasse apparition. ainsi donc, je ne veux plus passer la moindre heure sans nouvelles.