franchement, si une personne pouvait prouver sa détermination par un acte quelconque, narae serait probablement la première a vouloir démontrer aux autres la force de sa volonté. et c'est environ ce qui s'est passé quand le projet nemesis a commencé à recruter des infirmières. elle a sauté sur l'occasion pour montrer au monde entier ce qu'elle vallait. non seulement elle avait l'opportunité d'un emploi à vie, mais aussi elle pouvait participer à une expérience qui changerait le monde, et les convictions de narae face à cet évènement étaient très claires; c'était la plus grande révolution médicale jamais vue, et elle désirait ardamment faire partie de ceux qui mènerait à la conclusion positive de cette expérience des plus sensationnelles.

n'en venez pas à la conclusion qu'elle est complètement insensible aux maux physiques ou psychologiques de ceux qu'elle traite. non, elle est simplement douée pour se créer une carapace qui lui permettera d'atteindre ses objectifs sans se laisser influencer. de plus, elle n'est pas là pour leur faire du mal. au contraire, elle a été engagée pour soigner, traiter, observer les hommes et femmes passant dans sa petite salle d'examen. elle apporte son aide à cette communauté hétéroclite comme elle apporterait son aide dans une contrée du tier-monde. "tous ne peuvent être sauvés, mais ceux qui le sont n'en seront que plus fort." est son mantra quotidien. et si elle peut être celle qui soutiendra ces survivants jusqu'à la fin, elle n'en sera que plus fière.

les traqueurs étaient dans les premiers a être recrutés, et jin hyun n'avait pas hésité une seconde à prendre part à l'expérience nemesis. il en avait entendu parler longtemps, et ses parents s'étaient même déjà disputés à ce sujet mais, comme son père, il approuvait les choix des chercheurs. après tout, qu'y avait-il de mal à tenter d'améliorer l'être humain ? il en était même venu à regretter ne pas être l'un des sujets, pour la simple raison qu'il aurait eut une chance de devenir meilleur, de faire partit de cette élite de nouveaux humains. mais devenir traqueur, ce n'était pas si mal non plus. voir la progression de ces sujets était quelque chose qu'il ne pouvait qu'admirer.

il ne comprenait d'ailleurs pas ceux qui tentaient de fuir, ceux qui désiraient partir, et même ceux qui voulaient déménager. il n'y avait pour lui nul meilleur endroit que seoul, et aucune expérience plus unique et importante que celle auquelle ses protégés -comme il aimait les appeller- participaient depuis leur naissance. il souhaitait véritablement établir une bonne relation avec les candidats qu'il surveillait, et généralement, il y arrivait. par contre il devait admettre qu'il avait une certaine, légère petite inquiétude à savoir si ses "amis" étaient en voie d'atteindre le point zéro ou, au contraire, déviaient lentement mais sûrement du droit chemin.

le projet en soit n'était pas mauvais, jugeait-elle, mais il y aurait pû y avoir quelques modifications pour le rendre, comment dire, plus humain. pour les cobayes, au moins. bien entendu, il fallait toujours y avoir des sacrifices pour que le monde progresse, après tout, la plupart des révolutions s'étaient construites sur des cadavres et des guerres, mais ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait le fait en soit. les dommages collatéraux, comme le disaient certains, étaient un peu plus importants pour elle, maintenant qu'elle habitait dans cette ville pleine de "projets en cours". il était très différent d'entendre parler des morts politiques à la télévision qu'assister en direct à la persécution de centaines de personne qui avaient grandis dans l'ultime but de mourir pour cette expérience. pour la plupart du moins.

pourtant, elle ne pouvait se résoudre à totalement dénigrer l'expérience nemesis, ni totalement l'accepter. il n'y avait ni noir ni blanc en ces lieux pour eun mi, seulement du gris plus ou moins clair. sa neutralité pouvait être déconcertante pour certain, mais il n'y avait pas à dire, elle n'était certainement pas la seule à se questionner sur la réelle valeur de la vie humaine lorsqu'il s'agissait d'une expérience de ce genre. tout comme elle n'était pas certaine que l'expérience puisse prôner sur la vie de ces pauvres gens. pours et contres comptés, ce n'est pas tant ce qu'elle en pense qui changera le monde, mais bien ce qu'elle décidera de faire avec ce qu'elle en pense.

min hwan n'était pas un homme sensible, ni réellement humain, mais c'était ce qu'il fallait pour être psychiatre dans ce genre d'endroit. mais même avec cette légère absence de sentimentalisme, il ne pouvait se résoudre à accepter son rôle dans cette expérience. bien entendu, sur papier, cela lui paraissait plus qu'invitant, lui proposant de nouveaux sujets qui seraient sans doute à la hauteur de ses espérances, et de nombreux cas à traiter avec cette minutie qui l'illustrait. mais sur le terrain, rien n'était comme ce qu'il avait imaginé, et il se retrouvait avec entre les mains les dossiers des cobayes qu'on avait volontairement poussés dans les extrêmes du cerveau, les contraignant pratiquement à atteindre la folie.

rien n'était à dire, par contre, et il savait taire ses mécontentements à profil de sa sécurité et de sa réputation parmis les autres membres du staff, mais restait le fait qu'il se refusait à examiner en profondeur les plaies psychologiques causées par les injections d'hormones. il s'agissait là d'approfondir la plaie plutôt que la guérir, et ce n'était pas ce pour quoi il avait signé, surtout pas lorsqu'il avait décidé de se lancer dans cette carrière. il n'avait plus vraiment le choix, par contre, mais il allait sans aucun doute faire tout ce qui était en son pouvoir pour sauver ses patients, plutôt que de les condamner comme on le lui demandait.